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Terrier des reconnaissances féodales dues à Antoine Olivier, bourgeois de Salers,
pour sa montagne des Usclades, à Saint-Bonnet-de-Salers
(1561-1564)

Les Archives départementales ont acquis, en 2010, un cahier de 22 feuilles (44 pages de 38 x 29 cm), entièrement en parchemin. Ce cahier contient le terrier des reconnaissances en faveur d'Antoine Olivier, bourgeois de Salers, seigneur d'Alauzet, pour sa montagne des Usclades, à Saint-Bonnet-de-Salers, dont il est en partie seigneur. Il faut y insister : jusqu'en 1789, n'importe quel bourgeois peut acheter une seigneurie ; le fait d'y exercer la justice seigneuriale et celui d'en percevoir les revenus féodaux ne font pas de lui un noble.

Chacun des « emphitéotes », propriétaire d'une partie de la montagne des Usclades dont ce bourgeois de Salers est seigneur, reconnaît par contrat passé devant Pierre Tautail, notaire à Salers, la portion d'herbage qu'il possède et le cens annuel (en espèces) qu'il doit au seigneur.
C'est ainsi que Jean Givre, alias Jocque, du village del Mas de Mons (de Masdamont), reconnaît à son seigneur quatre têtes et demi « d'herbaige a bestes a corne » localisées par les quatre montagnes voisines :

  • montagnes de Scalictz, Chabau, Masseport ;
  • herbages d'Auzet, montagne d'Aspierre ;
  • communauté et montagne de Pailhès ;
  • montagne de la Vessière, Melhardz et la Chalm (à Pailhès).

Le cens annuel dont doit s'acquitter Jean Givre est de 26 sous et 4 deniers, payable à la Saint-Mathieu, le 21 septembre. Ce terme était préféré à celui de la Saint-Michel (29 septembre) dans la région de Salers, dont l'église est sous le vocable de Saint-Mathieu.

Dans un acte de 1582, cité par Antony Chambon (D'Apchon à Salers : la baronnie des Valmiers et ses voisines. XIVe-XVIIIe siècles, Aurillac, 2008, p. 115), on apprend que Jean Olivier (peut-être le fils d'Antoine ?) achète 48,5 têtes d'herbages dans la montagne des Usclades, « qui en contenait 360 ». L'auteur a calculé que la tête d'herbage variait, dans la région de Salers, entre 35 et 70 ares, en fonction de la qualité des montagnes.

Les autres preneurs, tous de Saint-Bonnet-de-Salers (sauf mention contraire), sont :

  • · Antoine Givre, fils de feu Antoine Givre (village de Masdamont) ;
  • · Anthoine Garcellon Boughiard (village de Tougouse) ;
  • · Géraud Yschard, prêtre (village de Pailhès) ;
  • · Francois Arnailh, prêtre (village de Chasternac) ;
  • · Jehan Dauzolle (village de Chasternac) ;
  • · Jehan Corbolles, prêtre, alias de la Helirta (village de Boussac) ;
  • · Anthoine Lafon, prêtre (village de Ruzolles) ;
  • · Anthoine de Veireiras dit Toty (village de Ruzolles) ;
  • · Jean et Aimery Serras, frères (village de Serre, paroisse d'Anglards-de-Salers) ;
  • · Anthoine La Vernhie (village de Verlhac, paroisse de Mauriac) ;
  • · Anthoine et Gerauld Blanchiers, frères (village de Freydevialle, cne de Sainte-Eulalie) ;
  • · Guilhelm et François Corbolles, frères (Saint-Bonnet) ;
  • · Jehan Givre, fils d'Etienne Givre (village de Masdamont) ;
  • · Jehan Corbolles Banhiac (village de Boussac).

On remarque plusieurs prêtres parmi les propriétaires ; tous baillaient à ferme ou à métayage ces montagnes à des éleveurs. Autrement dit, leur propriété était grevée des droits féodaux qu'ils devaient au seigneur ; mais ils en tiraient des revenus agricoles, versés par les preneurs. Ce sont les droits féodaux qui furent supprimés à la Révolution ; ils sont remplacés par les taxes foncières.


Le cahier se termine par un acte de vente bien postérieur. Antoine Montfort, juge de Miremont, notaire royal et lieutenant particulier en l'élection de Mauriac, ainsi que son fils Antoine, avocat au présidial d'Aurillac, vendent à Jean de Landrodie, sieur de Malportux et d'Escous, pour le prix de 1550 livres, seize têtes d'herbage « a bestes a corne » en la montagne des Usclades (1627).

Les initiales « A » de chaque acte, qui tous commencent par « A tous ceulx qui verront ces presentes » sont admirablement enluminées ; l'écriture elle-même est très soignée.

Ce type de document permet de savoir qui possède les montagnes sous l'Ancien Régime. A défaut de statistiques agricoles, qui ne seront véritablement opérationnelles qu'au XIXe siècle, les reconnaissances féodales donnent une photographie des montagnes d'Auvergne, de leurs herbages, de leurs burons et de leurs bêtes à cornes.

ADC, 1 J 812

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